By Martine L Jacquot

Rudesse de la froidure inattendue ou brûlure lancinante 
Le jour figé dans les glaces ou écrasé de chaleur devient flou
Est-il possible de conjuguer l’ombre et le miel de l’aube 
La déchirure et le regain 
Entre l’encrier et l’enclume 
le point de suspension s’inscrit en ricochet comme un écho insensé 
On rêve encore d’un concert d’oiseaux couvrant le vacarme du monde 
On imagine un asile éphémère ombragé

*

Sans doute as-tu trouvé la clef du jardin où fleurit une multitude 
Sans doute y déposes-tu de la poudre d’étoiles captée au passage
Le point du jour a un goût de cendre sous le déluge transi
Neige d’équinoxe 
Soubresaut fugace dans ce dernier drapage terrestre

*
Quand nous avions encore un corps
nous arpentions des continents 
sans nous soucier de la direction du vent
Nous évitions les foules bienheureuses 
Les gens se croyaient beaux et criaient très forts 
Il faut se sentir mortel 
pour comprendre la futilité des gestes

*

Rêve empoussiéré lancé dans le vent 
comme une poignée de semailles stériles
Certains appelleront ce geste une fin 
D’autres y verront un cycle voué au recommencement 
Les abandons et les dérives jalonnent les jours 
mais le mot éternité n’a pas été inventé pour rien
Il ne s’agit pas de perdition mais d’ancre
Chaque aube annonce un jour neuf

*

Le temps glisse sans laisser de frisson sur l’onde 
sans approfondir les rides 
Comme si rien ne se passait 
Pourtant dans les caves la lie se dépose
Le vin se décante
Dans les grottes l’eau suinte 
La stalactite et la stalagmite bientôt deviendront colonne
Du presque rien naît un puissant lien silencieux
*

L’espace d’un instant j’ai vu ta lumière envahir l’espace
Il fallait filer loin et vite au-delà du chaos humain
Tu le savais
Le temps d’un souffle j’ai envié ta légèreté 
Il est des âmes plus pures que le cristal de roche 
qui jette une étincelle aux premières lueurs de l’aube
Nécessaire lumière pour vaincre l’infini Moyen Âge 
habité de machines à torture 
Il faut contrer la noirceur me disais-tu
Anéantir sa puissance
Nous sommes porteurs de flambeaux
***

When we still had bodies
we roamed continents without worrying 
about the direction of the wind
We avoided blissful crowds
People thought they were beautiful and shouted very loudly
You have to feel mortal to understand 
the futility of gestures

extraits de "Il est des parfums qui durent plus longtemps que la vie" (inédit)

The Importance of Arts, Culture & The Creative Process

Writing is what gives a meaning, a purpose and a rhythm to my life. Time does not simply pass: it leaves its print on paper. It transforms perception into something more real than what actually is.

What was the inspiration for your creative work?

For this piece, inspiration came from losing my beloved one. Writing was the only way to find some light, some understanding.

Tell us something about the natural world that you love and don’t wish to lose. What are your thoughts on the kind of world we are leaving for the next generation?

I live away from cities, close to the ocean. My surroundings are pure beauty and source of calm and inspiration. What I see every day is what I want my grandchildren and their grandchildren to feed on. I wish there was a way to stop capitalism and its consequences, and the narcissism of some so called leaders to stop their madness. You don't replace clean air, clean water, edible food and pure healing beauty.

Photo credit: IMAGEin

Martine L. Jacquot est poète, romancière, nouvelliste et essayiste. Elle a publié une quarantaine de livres au Canada et à l’étranger. Ses dernières publications en poésie sont Filigrane et La couleur du désir (Bridgevision, Washington DC) et Dans la marge d’un horizon ébouriffé (Liber Mirabilis, Paris). Ses derniers romans incluent Déferlement sur le siècle nouveau (Grande Marée, NB) et la trilogie L’envol des jours (AfricAvenir International, Douala/Berlin/Vienne), sans oublier le recueil de nouvelles, Les enjoliveurs du temps (Grande Marée). Elle publie régulièrement dans des anthologies. Elle vit dans l'est canadien.